vendredi 9 mars 2007

6. Thérapie.

J'ai hésité à publier ce qui suit car cela peut-être très ennuyeux pour qui ne vit pas le problème, mais je me suis finalement dit que les gens souffrant de phobie sociale pourraient y trouver quelques repères et encouragement qui les aideraient à progresser.
C'est donc essentiellement à eux que ce texte s'adresse.

Au début du mois de février 2006, je suis allé me présenter à l'accueil d'un hôpital dont j'avais trouvé l'adresse sur le net. Il y avait là une équipe de psys spécialisés traitant les troubles de l'anxiété dont la phobie sociale. Aller vers eux fut très difficile, téléphoner à mes grands-parents pour leur demander une aide financière afin de surmonter un problème dont ils ignoraient tout le fût encore plus et mes sanglots m'empéchèrent d'articuler la moindre phrase au premier appel...mais finalement j'ai commencé cette Thérapie Cognitive et Comportementale. La certitude que tout ça était surmontable et que j'allais m'en sortir, associée à la culpabilité de faire payer cette thérapie à mes grands-parents me firent étudier la méthode tcc avec toute l'application dont un universitaire est capable en période d'examen. J'en ai étudié tous les mécanismes, j'ai établi une véritable cartographie de ma perception en termes tcc et j'ai commencé par m'imposer une humilité dont je n'avais jamais su faire preuve jusque là:" je me trompe. Les connaissances que j'ai acquises concernant les autres et le rapports que j'entretiens avec eux sont faux. Je suis dans l'erreur. Il va falloir lâcher prise et remettre tout en question, malgré cet orgueil qui me pousserait plutôt à imposer mes vérités...Ce que je crois connaître des autres est dysfonctionnel, faux, obsolète, à jeter...c'est de la merde. Je dois tout oublier, me laisser guider et réapprendre...." franchement ça calme....il va falloir passer de la condition de 'pleutre orgueilleux' à celle d' 'adapté ordinaire'....moyen, commun....et même parfois pas très brillant....et accepter qu'on puisse m'aimer ou m'apprécier comme ça....alors que moi, j'en étais incapable. Alors que moi, au fond, j'étais terriblement exigeant envers les autres comme envers moi-même.


Tout commence avec une condensé des notes trouvées sur 'anxiétsociale.org' :


<<1) Généralisation : (mise en place des croyances, des jugements de valeurs). C’est le processus qui vise à tirer une leçon générale des événements particuliers, premier filtre entre nous et la réalité. Ainsi, on établit des croyances, jugements de valeur.
Construite sur des éléments du passé, la généralisation permet d’installer une illusion de contrôle, illusion de comprendre le présent et de prévoir l’avenir. On entrevoit aisément, à la fois son effet rassurant à court terme mais aussi son effet pernicieux à moyen et long terme.
2) Sélection, omissions et distorsions : Ayant mis en place des croyances, on sélectionne ce qui vient confirmer le système, renforcer les croyances. On en vient à distordre l’information pour qu’elle puisse entrer dans ce cadre de référence.
3) Filtres : Nous filtrons donc la réalité, cela plutôt deux fois qu’une :
-Filtre neurologique : notre perception de l’extérieur dépend de notre cerveau, de notre système nerveux, de la perception par les sens.
-Filtre culturel, social : nous apprécions la réalité selon les critères du groupe auquel nous appartenons.
-Filtre personnel : chaque individu est unique et aura donc une conceptualisation du réel personnelle, en fonction de ses différentes expériences( éducation, influence familiale, sociale, événements de vie…).
Un des buts en thérapie ou coaching sera donc d’observer la carte du monde établie par le sujet et de la recadrer de manière adaptée au bien-être.

Neutraliser l’anticipation en développant ses compétences sociales.


-->Performances insatisfaisantes, auto-dépréciation, honte, non-développement des compétences.-->Anxiété sociale-->Accentue, chronicise-->Inhibition

Restructuration cognitive

Ce n’est pas la réalité que nous ressentons, mais ce que nous pensons de la réalité.

.Situation.-->.cognitions.-->.émotions.-->.comportement.

-Un schéma est inconscient --> prendre conscience des schémas.
-Un schéma paraît indiscutable et rigide remettre en cause ces schémas, les discuter.
-Le schéma va orienter tout traitement de l’information. Ce qui vient le confirmer est amplifié, ce qui lui est contraire est minimisé --> mettre en valeur ce qui ne vient pas confirmer le schéma, réajuster la lecture du réel.
-Un schéma surgit à travers l’émotion, sans nécessairement passer par la conscience et son traitement logique --> faire un examen conscient et logique des schémas.
-Le schéma n’est pas traité de manière logique, mais est donné comme vrai --> expérimenter la vérité du schéma.
-Pour atténuer les effets du schéma, l’individu va mettre en place des comportements dysfonctionnels --> modifier le schéma et par la même, les comportements compensatoires.





La phobie sociale se développe à partir de deux modèles:

1) Modèle comportemental
La phobie sociale résulte d’un apprentissage.
Deux cas de figure:
-apprentissage d’une conduite dysfonctionnelle: en clair, le sujet prend comme exemple des individus ou relations déjà problématiques(ex: parents peu sociabilisés, peu tolérants ou peu affectifs).
-apprentissage non référencé: le sujet n’a pas de référence, d’exemples d’un comportement social adapté.

2) Modèle cognitif
La phobie sociale nait d’un mauvais traitement de l’information:
-le danger vécu, expérimenté est intégré(stress chronique durant l’enfance, exemple familial et/ou social d’anxiété, traumatismes divers).
La réalité(ici les relations sociales) est ensuite interprétée en fonction de dangers potentiels.
-un sujet phobique social a une conscience déformée de lui-même:image négative et sous-évaluation.


-“Les phobies sociales” D.Servant/Masson.
-“Précis de thérapie comportementale et cognitive”G.Mihaescu/
Edition Médecine et hygiène.
-“Précis de thérapie cognitive”C.Mirabel-Sarron, B.Rivière/Dunod
-“Manuel de thérapie comportementale et cognitive” B. Samuel-Lajeunesse/Dunod


-Exemple de schéma cognitif
1)Le sujet pense se conduire de manière ridicule ou inacceptable.
2)Il craint des conséquences négatives telles le rejet, la dévalorisation son image ou de son statut.
3)Ces pensées font naître le phénomène anxieux :
-les symptômes anxieux(tremblement, rougissement…) deviennent eux-mêmes des signes de danger et viennent nourrir l’anxiété.
-L’ hyper vigilance aux manifestations somatiques et aux pensées entraînent une baisse des compétences sociales : le sujet est tourné vers l’intérieur(pensée, corps), non vers l’extérieur(la relation).
-Les comportements d’évitements, de fuite entraînent chez l’autre des comportements sinon similaires du moins altérés.
4)La performance sociale est insatisfaisante.
5)L’anxiété est nourrie, développée. Les compétences ne se développent pas…Retour en 1)

La démarche doit être autant pédagogique que thérapeutique : acquérir les compétences suffisantes. Tout sentiment d’incompétence peut se corriger par un apprentissage.>>>


Ensuite j'ai commencé à tout jeter sur le papier: mes comportements, mes interprétations de ces comportements, mes affirmations conscientes et mes attitudes paradoxales face à ces affirmations...


<< Faire disparaître ces mécanismes et ne plus rien cacher. L’anxiété n’est pas une honte, la timidité non-plus, la maladresse non-plus. Je n’ai rien à cacher.

Peur grandissante de décevoir les gens qui portent sur moi un jugement favorable a priori.
Peur d’autant plus grande si ces gens font partie d’un groupe de personnes que je connais --> Le jugement défavorable, la déception feraient de moi l’exclus.

Les phobiques ont tous un rythme très particulier. Beaucoup de blancs dans leurs conversations ne laissent pas deviner ce qu’ils pensent. Beaucoup de non-dits. Beaucoup de ‘pauses réflexions’ qui semblent « cacher » leurs raisonnements.(Apprendre à tout dire. Ne rien cacher) Ces blancs correspondent au temps d’assimilation, ou d’approfondissement de ce qu’ils viennent d’entendre. Les ‘non phobiques’ restent plus superficiels et enchaînent donc plus rapidement.(Le blanc correspond au moment ou le phobique se tourne vers l’intérieur--> éviter de se tourner vers l’intérieur).

Les « trous-blancs » des phobiques sociaux ne sont pas de même nature que les « trous-blancs » ‘normaux’ car ils s’accompagnent d’un malaise qui rend la possibilité de sortir du « trou- blanc » assez difficile.

Plus que d’ autres, j’imagine un modèle d’équilibre de comportement idéal auquel je ne correspond pas.
Il n’y a pas d’image d’équilibre idéal à adopter.
--> Expérimenter la vérité de cette affirmation.

Si on est capable d’accepter le pire, on est capable d’accepter le reste. L’acceptation du jugement le plus négatif implique l’acceptation du jugement en général. ACCEPTATION

Avoir peur, c’est accorder une importance trop encombrante à l’objet de la peur. Oublier cet objet, se débarrasser de l’état d’hyper vigilance, c’est se débarrasser de la peur.




Quelques commandements :

-Définir les principes susceptibles de conférer un caractère infini à toute conversation. Définir les ‘natures’ d’une conversation.
-Fixer mon attention sur le désir, la volonté --> apprendre à nourrir ma volonté. Expérimenter.
-M’ imposer l’incrédulité face à toute tentation d’anticipation.
-Etablir une liste de sujets de conversation «d’amorçage » …sujets susceptibles de lancer la conversation.
-Apprendre à aimer l’hyperactivité grandissante dans une situation anxiogène. Canaliser cette énergie. Ne pas identifier ça comme de la peur, mais comme une énergie positive.
-Apprendre à sortir des trous blancs --> établir la mécanique des trous blancs.
-Ne rien avoir à cacher. Ne rien cacher, c’est supprimer la possibilité du doute que les autres présument ou savent ce que je cache…ne rien cacher mais énoncer de façon à ce que ce soit socialement acceptable, ou avec l’humour qui laisse percevoir une grande distance ou la banalisation personnelle du ‘problème’.
-Ne pas essayer de connaître, définir ou circonscrire d’avance ce que va être une conversation ou une relation.
-Aborder toute relation d’un positionnement unique, et non en adoptant un regard extérieur…éviter l’auto- observation.
-Eviter de penser à la place de l’autre. Eviter de lui attribuer ma peur de l’ennui.
-L’ hypersensibilité et la phobie sociale sont des amplificateurs. Apprendre à minimiser ce qui est ressenti.
-Accepter le jugement le plus sévère sur moi-même. Accepter ce jugement, c’est accepter tous les autres a priori.
-Ne pas considérer que les autres attendent quoi que ce soit de moi.
-Etablir un conditionnement, des réflexes simples, des automatismes reposant sur ces commandements, sans passer par le langage. Ex : je croise une fille, je fixe mon attention sur ce que je vais lui dire et uniquement sur ce que je vais lui dire.
-Ne pas laisser de place au doute, poser des questions pour savoir exactement ce que ressent l’autre ou ce qu’il pense de la situation, de ce que je dis etc …dire ce que je ressens.
-Faire passer mon désir avant la susceptibilité excessive de mon ego.
-Etre moins exigent envers moi-même.
-Baisser le bouclier et me dire que je vais passer un bon moment plutôt qu’une sentence ou qu’attribuer à l’autre la volonté de me jauger. Ex : je te préviens, au début je suis toujours un peu timide…j’attribue ça au fait que j’ai tendance à sacraliser et idéaliser la femme. Je la mets sur un piédestal…ce qui entraîne systématiquement une déception quand je commence à la connaître *rire*.
-Le conditionnement passe par ma projection de moi-même dans les situations anxiogènes, en adoptant les principes susmentionnés.
-Le charme, la séduction passe par la perception d’un nombre important de signes qui dépassent largement le contenu du discours. Ces signes sont plus difficilement perceptibles par le sujet qui les émet que par son interlocuteur(trice). >>>

Le phobique social est comparable à un homme écorché: au début il se laisse approcher, on le touche et ça le fait hurler de douleur. Ensuite il se méfie, mais avec prudence, il se laisse encore un peu approcher....on le touche et ça le fait hurler de douleur....avec une extrême prudence il se laissera encore approcher, effleurer....et il en souffrira toujours autant, alors il s'isole. Il anticipe, il fuit et refuse qu'on l'approche. C'est trop tard car il sait que ça va lui faire mal......il doit apprendre à se confectionner une combinaison perceptive plus ordinaire, plus adaptée....

L'enjeu est proche de ce que la philosophie appelle la pensée réflexive, c'est-à-dire la pensée qui se prend elle-même comme objet de pensée...et c'est à mon avis le mode de pensée dont devrait nous munir l'enseignement, dès notre plus jeune âge, au lieu de nous faire assimiler des préjugés culturels définitifs et de nous faire ressasser des âneries véhiculées par des profs ne faisant que de la transmission de savoir de façon mécanique et irréfléchie.
Que l'enseignement nous apprenne à vivre en société avant de nous apprendre l'histoire: Marignan.1515 : ça me fait une belle jambe. C'est pas François 1er qui va m'apprendre à surmonter ma peur des autres...
A combien de personnes cet inestimable savoir va-t-il servir?

Si on veut débarrasser la société de ses névroses en tout genre, il faut commencer par revoir les fondements de l'enseignement...mais c'est un autre débat.